martes, 15 de mayo de 2018

Blundetto - Good ol' days (feat. Cornell Campbell & Little Harry) - 2018


1 comentario:

  1. Sur son album le plus personnel et le plus organique, le Français Max Guiguet alias Blundetto (qui a collaboré avec Hindi Zahra, Hugh Coltman, Akalé Wubé ou Calypso Rose) a laissé les machines de côté et convié les grands Jamaïcains Ken Boothe, Cornell Campbell et Little Harry, les Lyonnais Damé et le fidèle Jahdan Blakkamoore.

    Il ne faut parfois pas grand chose pour décider du sort d’un disque. De son contenu, de sa tonalité ou de son orientation. Ce quatrième album de Blundetto aurait-il été le même sans ce mail renvoyant vers une vidéo ? Certainement non.
    Expéditeur : Biga Ranx, artiste de reggae et de dancehall.

    Contenu : Un sound-system brésilien surchauffé.
    Au milieu de la piste sous le vrombissement des basses, un couple danse avec une lenteur désarmante, presque arrêté… sur un titre de Blundetto. Loin d’être un cas isolé, ces rapprochements de corps proches de la fusion, ces ondulations langoureuses qui libèrent un maximum de chaleur dans un minimum d’efforts se sont répandus en Amérique du Sud sous le terme de slow dance.
    Les choses auraient pu en rester là mais, le décalage et la douceur dégagés, dans ces ambiances habituellement survoltées, allaient presqu’aussitôt poser dans l’esprit de Blundetto, les rails sur lesquels allait rouler son prochain album. Car comme un calque, le calme de ces danseurs s’applique sur sa nouvelle vie au vert, loin de la course parisienne. Un calme qui a permis à Blundetto d’aborder Slow Dance avec une démarche plus solitaire, en tous cas très éloignée de ses précédentes aventures où amis, proches, et collaborations inspirées venaient donner de la voix, du cuivre, du clavier ou autre.
    Toujours partisan du pas de côté et de l’incident heureux qui fera la différence au final, Blundetto a cette fois concentré ses oreilles et son esprit sur la constante de toute sa discographie. Cet écho qui résonnait de manière plus ou moins proche dans les mosaïques musicales qu’étaient Bad Bad Things (2009), Warm My Soul (2012) et World Of (2015). Ce son de Kingston responsable de tellement de ses émotions : le reggae.
    S’ébrécher sur sa base purement roots, durcir la vibration et se digitaliser sur le dancehall. Chavirer sur la soul du rocksteady, porté par la diction parfaite et la voix inaltérable de la légende Ken Boothe. Sursauter sur les basses surpuissantes et les jungles d’effets du dub. Les samplers rangés dans leurs boîtes, seuls les instruments ont été conviés avec pour les actionner, un Blundetto seul aux commandes.
    Ce quatrième album de Blundetto aurait-il été le même sans Biga Ranx ? Evidemment non. L’intéressé s’en défend, mais c’est pourtant bien lui qui a fait augmenter le tirage du chalice et fait s’élever la fumée jusqu’à la rendre visible depuis la Jamaïque. Comme une invitation pour Little Harry (figure du dancehall, brûleur de dubplates) et Cornell Campbell (dont le falsetto reggae orne le sillon des productions de l’île, de Studio One à Bunny Lee) à venir poser leurs voix sur les riddims brûlants. A partager la piste avec Dame et le désormais fidèle Jahdan Blakkamoore, pensionnaire de deux précédents albums de Blundetto. Si Biga a donné la cohérence d’ensemble, c’est toujours dans une collaboration serrée avec Blackjoy, son Rick Rubin sans qui rien ne se passe ou plutôt, grâce à qui tout finit par bien se passer que s’est pensé et réalisé Slow Dance. Un album aux contours et aux sons plus ronds, qui suit son tempo lent quand autour de lui tout fonce. Et qui, sous un apparent minimalisme, cache une richesse et des détails uniquement accessibles par une écoute attentive. Port du casque recommandé, voire obligatoire.

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